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Mon enveloppe
Pensée # 80
Mon enveloppe
Mon enveloppe n’est pas faite de papier. Je l’ai juste décorée de fleurs et de mots pour la trouver plus belle, plus à mon goût. Si on m’a donné celle-ci, c’est sûrement parce que je devais la mériter mais on m’a bien fait comprendre qu’un jour, il me faudrait la rendre.
Quand ça ? Et bien je ne le sais pas exactement !
J’ai compris avec le temps, qu’il fallait que je prenne soin de mon enveloppe car elle a été spécialement conçue pour que je puisse expérimenter ce monde. Sans elle, je ne pourrais pas savourer de merveilleux plats, entendre des sons exceptionnels, toucher les épines d’une fleur ou recevoir la caresse du vent, voir des paysages uniques et enchanteurs, et enfin, sans elle, je ne pourrais pas sentir l’air entrer dans mes poumons pour me permettre d’être un être vivant.
Mon enveloppe possède le pouvoir de se réparer jusqu’au seuil qu’on lui a programmé. Malgré moi, elle se froisse tout doucement au fil des années. Les vents, les froids, le soleil et les pluies, l’endommagent de ces impacts provenant de l’extérieur.
Personne ne peut empêcher ces effets-là.
Et puis, il y a les rires, les larmes et les multiples émotions, plus ou moins fortes, qui émanent de l’intérieur de mon enveloppe.
Ces émotions sont le reflet de l’âme et c’est aussi pour cette raison que des plis se gravent dans chacune de ses trames et défigurent son état d’origine.
Un jour viendra, je le sais, mon enveloppe finira par me lâcher. Usée par tant d’années, elle voudra se reposer pour l’éternité.
Alors ce jour-là, je la remercierai avec gratitude et je serai obligée de la quitter sans amertume. Je me souviendrai ainsi que c’est grâce à elle que j’ai pu vivre une extraordinaire expérience terrestre.
Cette pensée très ésotérique était cachée dans mon enveloppe, elle attendait de sortir, aujourd’hui, en prévision du jour fatidique.
Justine César
Apprendre à être déçu
Pensée # 79
Apprendre à être déçu
J’aurai voulu t’épargner de tous ces instants
Toi qui vit encore dans un monde d’illusion
Mais mon rôle face à toi, mon enfant
Et de t’aider à affronter toutes sortes d’émotions
Te mettre dans une bulle remplie de coton
Pour garder intacte ta fragile innocence
T’amènerait à croire que je suis une mère en carton
Alors que bientôt tu quitteras l’enfance
Apprenti de la vie, il te faudra passer par là
Même si, avec raison, tu te demanderas pourquoi
J’aimerais t’offrir ce bouclier imaginaire
Pour qu’a tout moment tu puisses te protéger
De toutes ces choses au goût amer
Que l’on te servira et que tu auras du mal à digérer
La déception, née d’un contretemps, d’un retard
Peut être facilement comprise et pardonnée
Mais celle qui découle d’un énorme bobard
Te donne le droit d’être consterné
Si je pouvais, pour ne pas te voir souffrir
Je passerais des jours et des nuits
A combattre, à anéantir
Tout ce qui peut te blesser et qui te nuit
Mon rôle de mère n’est pas juste de te voir grandir
Je dois apprendre à ton cœur diverses pulsations
Pour que tu puisses vivre ton avenir
Sans trop te poser de questions.
Être déçu fait partie des choses de la vie
C’est comme ça que l’on grandit
Je te délivre aujourd’hui ce message
Garde le précieusement pour avoir le courage
Car tu le sais désormais mon garçon
Rien ne sert de souffrir des prétextes bidons
Il vaut mieux en rire et accorder ton pardon.
A mon fils Léo.
Pourquoi pas
Pensée # 78
POURQUOI PAS
Mariés en cachette depuis on ne sait combien de temps, ces deux mots forment un couple exceptionnel.
POURQUOI avait décidé de quitter PARCE QUE alors que de son côté, PAS jeta NE comme une vieille chaussette.
Il y a fort longtemps, POURQUOI et PAS s’étaient rencontrés alors qu’une révolution sur la conscience des êtres humains était en train de naître.
Plus les temps passent, plus ces deux-là sont sur tous les fronts ou plutôt dans toutes les bouches et particulièrement auprès des êtres les plus éveillés.
POURQUOI PAS veulent le bien de l’humanité.
Ils œuvrent pour la paix des ménages, abolissent les regrets et redorent l’estime de soi. Plus nous les utilisons, plus ils apportent à notre quotidien, une autre façon de voir le monde.
Ils sont très efficaces !
Évidemment, dans certaines conditions, mieux vaut réfléchir à deux fois avant de les prononcer. Mais après tout, chacun a le libre arbitre, non ?
Alors, plutôt que de refuser catégoriquement.
Pourquoi pas les utiliser ?
Présence alternée
Pensée # 77
Présence alternée
« Je suis là pour vous accompagner dans vos nuits d’insomnies. Utilisez ma lumière pour vous guider, je vous en supplie ! J’en ai tant à donner que je ne sais quoi en faire. En échange, confiez moi vos secrets, vos chagrins. Confiez moi tout ce qui peut vous faire si mal, qui vous torture l’esprit. J’entends vos mauvaises pensées, vos idées noires, j’absorbe le mal qui ronge votre âme. J’ai même le pouvoir d’éponger vos rivières de larmes. Au petit matin, lorsque l’aube me laisse partir enfin, j’emporte avec moi toutes vos confidences. Je les amène loin, très loin ... si loin que j’atteins les étoiles les plus éloignées. À mon tour, je leur confie vos tourments afin qu’elles en prennent soin et qu’elles vous libèrent du poids qui vous prive de sommeil.
Je sais que pour certains mon rôle n’est que d’ordre scientifique. Mais sachez que je suis plus que cela.
Ma mission la plus logique est d’ordre ésotérique mais elle est uniquement réservée aux initiés. Il est vrai que je m’absente de temps en temps, mais à présent, je vais vous dire la vérité.
Ma présence alternée cache un message venue de ceux qui nous ont quitté. Il dit ce qui suit :
«Comme la Lune, où que vous soyez sur cette petite planète, j’apparais et disparais au rythme d’un cycle régulier. En réalité, comme la Lune :
Je suis toujours là même si vous ne me voyez pas.»
Enfin aujourd’hui vous savez !
Il est l’heure, je peux aller me coucher. »
J’ai écrit cette pensée cette nuit où l’objet céleste voulait à son tour me confier son secret.
Maintenant, avec lui, je vais me coucher.
Belle journée.
Justine César
Le premier choix
Pensée # 76
Le premier choix
C’est dans la boutique la plus particulière et la plus connue au monde que Valentine,la jolie rouquine, reste indécise face au choix proposé dans la vitrine.
Selon l’humeur, elle est attirée par l’un ou l’autre des articles, ici proposés. La rouquine déteste voir sa vie sans une once de douceur. Alors, lorsqu’une envie se déclare, elle court sans plus attendre dans sa boutique favorite. En poussant la porte vitrée, les effluves du parfum du jour, émoustillent immédiatement ses papilles et envoûtent la jolie Valentine. C’est comme cela qu’elle se laisse ainsi guider, grâce à son instinct aiguisé.
Il est vrai qu’il est difficile, pour une gourmande telle que la jolie rouquine, de résister. Son addiction à la béatitude est si forte qu’il lui semble impossible d’imaginer sa vie sans cette dernière. Valentine a du mal à supporter le manque et déteste se sentir seule. Elle a le sentiment de ne servir à rien sur cette terre. Alors, voilà pourquoi il arrive qu’on la croise le sourire aux lèvres, en compagnie du dernier dégoté dans cette boutique spécialisée aux saveurs sublimées.
Valentine n’est pas une lève tôt, c’est un de ses plus gros défaut. L’heure de fermeture approche alors qu’elle ouvre les yeux, remarque que les aiguilles de l’horloge ont tourné pendant qu’elle dormait à poings fermés... Surprise, elle bondit du lit et débarque dans la boutique sans même prendre le temps d’être correctement habillée.
Un air de déception défigure un court instant son joli minois aux taches de rousseur alors qu’elle constate que la vitrine des articles les plus prisés est atrocement vide. Ne se laissant jamais abattre par le désespoir et saisit par le dépit devant l’absence de son premier choix, elle se jette sur la dernière option possible : celui qu’aucune autre gourmande n’a choisi.
Tant pis, se dit-elle, je prends celui-ci même si c’est par dépit. Je finirai bien par m’habituer à son goût ? Se persuade t’elle.
Mais il n’en fût rien. Rapidement, après quelques bouchées décevantes Valentine n’en voulut plus du tout.
Pour celui-ci et pour tant d’autres, Valentine n’osait mettre la barre haute. Persuadée de ne pas mériter le premier choix à cause de son amour pour la flemmardise, elle s’était contentée du bas de gamme vendu au rabais quelques minutes avant la fermeture.
Évidemment, il fallait bien se douter que ce choix misérable se terminerait par un dégoût, voire un rejet. Les années passaient et Valentine désespérait de ne pas trouver celui qui exalterait ses sens jusqu’à la fin de sa vie. L’addiction, plus forte que tout, lui portait préjudice, elle en était bien consciente ! Il lui aurait pourtant été facile de suspendre durant quelques temps son envie dévorante. Malheureusement, il s’agissait d’une chose impossible à concevoir dans son esprit.
Il y aura toujours dans la boutique, plus de dernier choix que de premier. Surtout à heure tardive. Avec le temps, à force de dégoût et de déception, elle finit par le comprendre et mît alors en place une offensive :
Elle devait, tout simplement, enclencher son réveil pour arriver à l’ouverture et trouver enfin son bonheur.
Le premier choix serait là, devant elle. Pour le meilleur et juste pour le meilleur.
A Valentine la jolie rouquine.
Justine César
La menthe et l'ortie
Pensée # 75
La menthe et l’ortie
Dans un village comme dans tous villages, vivent la menthe et l’ortie. Très ressemblantes de par leur aspect, il arrive que ces deux espèces soient confondues. Elles évoluent dans les mêmes lieux, ont les mêmes besoins. De couleur verte, fournissant des tiges droites, leurs feuilles semblent pratiquement identiques. Les novices, les enfants, les citadins, se feront surprendre par leurs différences lorsqu’il sera déjà trop tard. Les moqueries iront bon train car il ne s’agit là que d’une éphémère sensation quelques peu désagréable.
Ce sont des plantes « homonymes » comme il me plaît de les surnommer.
L’une apporte le bonheur, l’autre la douleur. C’est juste un bref résumé.
Le parfum délicieux, doux et sucré, face au brusque choc des cloques cutanées.
C’est là qu’est toute la subtilité du faux semblant. On pense être en présence du meilleur et au final, on se fait surprendre à nos dépends.
C’est un peu comme nous, les humains.
D’apparence, comme ces deux plantes sauvages, nous nous ressemblons.
Noyés dans la masse de nos semblables, nous vivons en étant simplement ce que nous sommes. Peu importe le pays, la langue parlée, la couleur de peau.
Certains sont menthe et d’autres orties.
Comme la plante, les humains « menthe » apportent une telle sensation de bien-être qu’il serait dommage de s’en séparer. Il est alors bon de les conserver près de nous car leur caractère affable ne faillira jamais puisqu’ils sont nés ainsi.
Les humains « orties » sont à l’opposé.
D’apparence aussi attirante que les « menthes », les « orties » n’ont pas d’empathie. Ils rient du mal d’autrui et ne donnent aucune envie d’être leur ami. Eux aussi sont nés ainsi, mais parce qu’ils agressent sans même nous donner l’occasion de leur tendre la main, nous rebroussons notre chemin. Pas étonnant que nous refusons de revenir vers eux ! C’est comme cela que les « orties » cultivent leur mauvaise réputation. Pure constatation de désolation.
Un jour de grand vent, je ne me souviens plus vraiment de la date, ni du lieu, une très vieille femme bossue, aux cheveux blancs et à la voix enrouée, qui passait par là, c’est approché de moi et m’a confié un secret en me le murmurant au creux de l’oreille :
—la menthe est une belle amie qu’il ne faut jamais laisser faner. Porte lui un peu d’attention chaque jour et elle te donnera ce que tu mérites en retour. Ta vie sera gratifiée. Tu baigneras dans le bonheur et tu recevras beaucoup d’amour. Si tu rencontres l’ortie, apprends que toutes les espèces sont différentes. Ne leur tourne pas le dos bêtement et peut-être qu’avec le temps tu découvriras les vertus qu’elles renferment. Tu te brûleras sûrement, certes, mais saches que même dans les plus mauvaises herbes, se cachent quelque chose de bon. A toi de le découvrir.
Cette femme disparue et ma laissa à mes songes. Je compris alors pourquoi la menthe autour de moi ne cessait de grandir. Aujourd’hui encore et plus qu’hier, elle parfume tant mon jardin que lorsque je la respire, une onde de bonheur se diffuse à l’intérieur de mon corps et ne me laisse jamais en manque.
Les jours suivants, je ne vit plus l’ortie de la même façon. Mon jardin n’en fût pas rempli, bien sûr, mais quelques brins poussaient par-ci par-la sans que je ne fasse rien. Soudain, j’entendais les paroles de la vieille femme. Son passage ne fut pas anodin, j’en étais persuadé.
A présent, je cherche à voir plus loin que la mauvaise réputation de l’ortie, je m’en approche avec une appréhension différente. Je me brûle parfois le bout des doigts mais je ne baisse pas les bras.
Les humains « menthe » qui sont autour de moi, m’apportent tant de bonheur que j’ai la force de croire à la bonne fois cachée des humains « ortie ».
On me dira ... bla-bla-bla. Mais moi, je suis faite comme ça !
Justine César
La fille qui n'aime pas l'hiver, en été préfère se taire
Pensée # 74
La fille qui n’aime pas l’hiver, en été préfère se taire...
Le printemps achevé, la fille qui n’aime pas l’hiver voit sa bonne humeur décuplée du 21 juin jusqu’à la fin de l’été.
Les feuilles de son arbre préféré ont pris tant d’ampleur, qu’elle peut désormais utiliser l’ombre pour reprendre ses esprits et calmer ses ardeurs.
Allongée dans un hamac de toile tressée, la fille qui n’aime pas l’hiver préfère se taire pour ne pas passer pour un fille légère.
Il faut dire qu’elle se moque du monde entier et ose dévoiler son corps laiteux dans un short en jeans volontairement déchiré. C’est pour la bonne cause, car sous ses airs de sainte nitouche, elle ne pense qu’à une seule chose : qu’il la touche plus qu’à petites doses.
Huilant son corps de secrets d’essences vanillées, elle s’assure d’en étaler à outrance afin de capturer les soit disant bienfaits de ce dernier.
C’est ainsi qu’elle passe l’été sans trop de misère , se balançant entre l’ombre et la lumière, faisant l’amour à la seule étoile de notre système solaire.
Depuis toujours, l’histoire autour de son arbre n’était qu’un leurre, il fallait attendre la saison des amours et des fleurs pour que s’achève la saga de la fille qui n’aime pas l’hiver.
Justine César