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13 Nov 2017

La bicyclette

Pensée #11

D'une main Justine serre sa jupe verte pour ne pas dévoiler ses jambes, de l'autre elle tient fermement la poignée du guidon de son vieux vélo. Pédalant avec toute son énergie, le visage au vent, des larmes coulent le longs de ses joues. Enfin arrivée, elle abandonne sa bicyclette contre le mur en délabrement depuis la terrible catastrophe. D'un pas incertain, elle avance dans l'allée tout en essuyant son visage avec son poignet. La maison cabossée se trouve en face d'elle. S'arrêtant un instant pour reprendre son souffle, elle comprend que sa vie va basculer dès qu'elle aura passer le pas de cette vieille porte d'entrée . Une petite voix intérieure la pousse à attendre qu'elle s'ouvre d'elle même et alors que son cœur bat fort dans sa poitrine, une sorte de confusion vient poser un doute sur sa motivation à débarquer ici, aussi vite. Elle se surprend même à parler à haute voix devant la bâtisse défraîchie: -" mais que se passe-t-il ? Pourquoi cette précipitation soudaine ? Je n'ai même pas eu le temps de me préparer, et d’attacher ma vieille bicyclette !" Tout se bouscule dans se tête, prise d'une hésitation soudaine elle recule de deux pas, attendant sûrement qu'un miracle se produise. Finalement dans un élan d'intrigue, elle court jusqu'au seuil de l'entrée, saisie la poignée rouillée et entre avec affolement . Descendant en trombe des escaliers donnant sur un premier étage, sa mère accourt vers elle en lui sautant dans les bras. Après quelques secondes de sincères embrassades, Justine comprend en regardant l'expression du visage de celle que lui a donné la vie, que rien ne sera plus jamais pareil désormais. Sans mot dire, elle monte deux par deux les marches en bois, craquant sous son poids. Elle sait dans quelle pièce elle doit se diriger, elle a conscience de ses émotions futures, et se conforte dans le fait qu'elle saura gérer cet avenir si proche à présent. Du haut de ses 20 ans, sa maturité l'aide à avancer la tête haute, les mains croisées dans son dos, comme si elle savait de quelle façon elle aller prendre en pleine face son destin. Aucun retour en arrière est possible, alors elle reste planté là , devant lui, les yeux baissés, elle attends qu'il ouvre la bouche pour accepter ce qui doit être.

04 Nov 2017

A mes Québecois

Pensée #10

Je suis née sur un autre continent que vous.
6000 km nous séparent.

Ma culture, mon éducation sont différentes de la vôtre.
Nos espaces de nature sont infiniment plus petits que les vôtres .
Vos lacs, vos rivières, vos ruisseaux tiennent une place importante au milieux de vos forêts à perte de vue.
Nos montagnes sont immensément plus hautes que les vôtres. 
Un arbre vous procure un sirop délicieusement sucré, il est l'emblème de votre si beau pays.
À l'été des indiens sa feuille devient toute rouge, elle a même le privilège d'avoir sa place sur votre drapeau.
Notre emblème à nous, est une baguette de pain coincé sous notre bras.
Et aussi une célèbre tour en métal unique au monde, située dans notre capitale .
J'ai grandit avec les 4 saisons, comme vous.
Mais je n'ai pas connu de longs, glacial et enneigés hivers comme vous étant enfant.
Je parle la même langue avec une différence d'accent, comme vous.
Nous nous comprenons bien sûr! avec plus ou moins de facilité suivant les régions.
Nos coutumes, nos mets aussi sont dissemblables.
Vous appréciez notre vin autant que vous aimez votre bière.
Nous adorons votre gentillesse autant que vous détestez notre déplaisance.
Avec raison, croyez moi sur parole!!!

Quand on regarde bien, toutes ces différences font de nous ce que nous sommes.
J'ai grandi en France, j'ai vécu au Québec.
En rentrant chez moi, après quelques années chez vous, j'ai continué à cultiver votre gentillesse, j'ai conservé la même façon que vous de voir le positif.
Gravés dans ma mémoire à jamais, les souvenirs les plus marquants ressurgissent pour que je n'oublie pas que grâce à vous, je suis celle que je suis aujourd'hui.

À mon Québec et mes Québécois ❤️

01 Nov 2017

Novembre est là

Pensée #9

Depuis mon balcon, je profite de ce 1er novembre.
Allongée sur une chaise longue et couverte d'un plaid rouge, le soleil d'automne me renvoie sa douce chaleur, et je me prélasse...
J'aperçois les envolées des milliers d'oiseaux se reposants sur les fils électriques des vieux poteaux du village. Les courbes majestueuses qu'ils dessinent dans ce ciel encore bleu et ensoleillé, me fascinent toujours autant.
Ils sont prêt à partir vers un horizon lointain à la chaleur d'un été, ailleurs, afin de mieux revenir chez nous au printemps suivant.

Il y a ce parfum qui défini si bien l'automne. Un léger vent encore tiède emporte les effluves de feuilles mortes et les senteurs des champs labourés depuis peu.
Non loin, j'aperçois la légère fumée blanche, provenant d'un petit tas de vieilles branches, elles finiront leur vie en cendres et parfumeront un court instant quelques lieux à la ronde.
J'entends d'ici le crépitement des flammes, alors, les yeux fermés pour mieux les apprécier, je me délecte. Soudain, je sursaute, au son d'un fusil résonnant dans le vallon d'en face! C'est un chasseur qui profite de cette période où presque tout les coups sont permis !
Je repense à la veille, alors que la horde de petits monstres du village frappait à ma porte, en échange de bonbons, ils promettaient de m'épargner un sors.
J'adore voir la joie dans leur yeux à l'approche d'un panier de sucreries multicolores.

Aujourd'hui, est le seul jour de l'année où nos morts sont à l'honneur, nous fleurissons leurs tombes, souvent accompagnés de prières mais aussi de larmes de regrets.Cette journée de repos national, nous permet un recueil souvent en famille et en dépit de la tristesse générale, nous gardons en mémoire les plus beaux souvenirs que nous laissent nos défunts.

Et voilà l'instant fragile où le soleil se couche. Tout doucement la nuit tombe, les oiseaux partent se cacher, la température baisse, elle rafraîchit l'air; Le chasseur ne va pas tarder à rentrer dans sa demeure où fumera, devant lui, une assiette de soupe à la citrouille. J'en fait de même.
C'est une belle saison malgré la mort des feuilles, c'est la fin d'un cycle et bientôt le début d'un autre ... 
L'hiver .

27 Oct 2017

A marée basse

Pensée #8

Je regarde le soleil d'automne, assise sur un rocher près d'une plage de la côte bretonne.
L'air marin caresse mon visage et une douce chaleur m'emporte dans mes pensées.
Au son des vagues au loin, mon esprit s'envole ...
J'ouvre alors la porte de mon jardin secret.
Il est toujours aussi agréable de retrouver autant de souvenirs oubliés.
Durant un long moment, je reste là, figée, mélancolique...
Soudain l'envie de marcher me surprend, je pars laisser mes empreintes de pas sur cette plage humide.
Tel un miroir d'eau, la marrée basse encore présente a parsemé le sol de jolis petits cailloux .
Je ramasse les plus beaux à mon goût, ils sont d'un blanc pur, de forme ovale et sèchent dans ma main en quelques minutes.
Il fait encore beau pour un mois d'Octobre, hélas, l'écume des vagues avançant de plus en plus, me rappellant que l'heure est venue pour moi.
Sans un mot, la mer me pousse vers une sortie obligatoire avant qu'elle prenne possession des lieux qui lui appartiennent. 

20 Oct 2017

J'aimerai tellement...

Pensée #19

J’aimerais tellement pouvoir m’endormir les yeux ouverts pour contempler les étoiles, 
Juste ne pas oublier comme nous sommes si petits et insignifiants et pourtant si rares et si précieux

20 Oct 2017

Ecrire un livre

Pensée #7

Écrire un livre c'est comme rencontrer quelqu'un, prendre le temps de le connaître, de l'apprivoiser, de l'aimer avec ses qualités et ses défauts .
Mais tout le temps que dure ce duo, on garde à l'esprit qu'un jour prochain, viendra le temps de la séparation.
Les différentes étapes de l'histoire de ce couple démarrent au moment où l'on écrit la première page. Au fil du temps, un noeud à l'estomac se forme car on sait que la séparation approche et même si elle est malgré tout attendue, je sais qu'il va me manquer car il a été ma compagnie pendant de longs mois, et j'ai fini par le connaître presque par cœur.
Je sens le vide approcher !
Le simple fait de me dire qu'il va être juger, m'angoisse et m'excite en même temps.
Il sera peut-être aimé mais jamais autant que je l'aime, moi.

17 Sep 2017

Les Pyrénées enneigées

Pensée #5

Ce matin, depuis ma fenêtre du salon, un sourire vient illuminer mon visage.
La vue magnifique sur les Pyrénées enfin enneigées m’hypnotise, je les observe, le nœud au ventre, mélancolique.
Ce sont les premières neiges de l'année, je comprends qu'à partir de ce phénomène climatique splendide nous allons droit vers la saison prochaine... l'automne.
Alors, en à peine une nuit, un changement a opéré afin de laisser place à un décor valorisant mon panorama, il durera quelques mois. 
Ces sommets dégagent le silence, le calme, l’apaisement que j'ai connu au milieu de tant de neige. 
Leur blanc pur renvoie les différentes couleurs de l'évolution de la journée. L’aube illumine les hauts sommets dès que le soleil monte, un rose pastel ouvre lentement le bal. Enfin, quelques minutes plus tard, il deviendra plus soutenu donnant place à un orange clair. Les volumes apparaissent grâce à la luminosité de cet astre enfin levé. Tout au long de la journée, il va balayer cette immense chaîne de la puissance de ses rayons, pour laisser sublimer son imposante présence. 
Enfin avant de se coucher, il posera délicatement son voile bleu ciel sur ce manteau dont les crêtes sont recouvertes des neiges éternelles. Cette couleur froide, reflète la température négative des lieux, comme une fin d’épisode, il tire sa révérence plongeant dans la pénombre ce côté de notre hémisphère.
C'est un spectacle, un cadeau de la nature offert gracieusement à ceux qui prennent le temps de l’observer. 
Je ne me lasserai jamais de cette vue imprenable, je vais pouvoir profiter d'elle jusqu'au mois d'avril. 
Chaque années, l’éternel recommencement émerveillera mes matin à ma fenêtre. Je ne me lasserai jamais.

11 Sep 2017

La satisfaction

Pensée #4

Tout les matins, à mon réveil, je m'en vais rendre visite à mon potager se trouvant devant ma petite maison en bois.
Certains trouveront ma démarche stupide et d'autres me comprendront.
Arrosée à la fraîche tout les soirs, la couleur de la terre suffisamment humide assure aux jeunes pieds de légumes plantés quelques mois plus tôt, une hydratation parfaite.
En ce même temps, à la main, il m'a fallu creuser des petits trous dans lesquels j'avais déposé une ou deux graines de cucurbitacés intéressants mon palais.
Alors, chaque jour, je regarde l'évolution de ces semences. Elles se développent à une vitesse relative, orchestrée par les éléments de mère nature.
Je n'ai aucun pouvoir réel sur sa croissance, seule ma patience, la terre enrichie, le soleil, le vent et la pluie ont la faculté d'agir suivant des règles bien définies que nous connaissons tous.
Le temps est enfin venu, les pieds d'haricots verts ornés de leurs multitudes de fleurs blanches promettent une récolte fructueuse. Ce n'est qu'une question de délai à présent et je pourrais cueillir une à une et jour après jour, les gousses cachées à l'ombre de leur protectrices feuilles vertes.
Agenouillée sur le sol, je détacherai les "mange tout" arrivés à maturité, ravi de remplir mon panier en osier.
Le moment sera venue de les équeuter alors, je m'assoirai sur le petit rondin de bois non loin de là et tout en chantonnant, à l'aide de l'ongle de mon pouce droit, je sectionnerai les deux extrémités des ces tiges vertes.
Cela durera le temps qu'il faut, je n'aime beaucoup pas cette corvée mais je connais la satisfaction que tout ce cheminement m'apportera, alors je m'exécuterai sans autre alternative.
Je n'aurai plus qu'à les plonger dans une grande marmite d'eau salée et bouillante et surveiller leur changement de couleur, elles passerons du vert clair au vert foncé en l'espace de dix minutes, c'est ainsi que j'estime leur cuisson exacte à mon appréciation.

Sans broncher, la passoire fera ce pour quoi elle a été conçue...égoutter.

Dans une grande assiette en porcelaine blanche, je me servirai une belle poignée de ces haricots verts encore tièdes. J'y déposerai un beau morceau de beurre à la baratte et le regarderai fondre tout doucement et s'infiltrer entre les gousses.
Enfin, après tout ce long parcours logique, avec juste un peu de sel de Guérande et de poivre noir, dégusterai un de mes légumes préférés.
Sans surprise, j'apprécierai le goût authentique auquel je m'attendais. 
J'ai la grande fierté de les avoir cultiver de A à Z, seule, avec juste un rectangle de terre labouré par mes soins.
Je sais qu'ils produiront encore et encore, jusqu'à la fin de l'été.
Cela me promet de belles salades composées car les autres légumes cultivés tout prêts de ces merveilleux plants fleuris et producteurs seront eux aussi arrivés à maturité.

Je me dis alors qu'il n'y a pas de satisfaction sans actes prémédités.

21 Aug 2017

Le parfumeur de Grasse

Pensée #2

Et si je faisais une halte à Grasse? Inspirée par la beauté des maisons aux volets colorés, je m'enferme dans une bulle imaginaire. J'entend alors ma petite voix intérieure me souffler ces quelques mots : "prends ta plume et écris. Vas y, écris pour ne rien oublier de ce moment-là." Alors, instantanément, j'obéis à celle qui influe ma vie de tout les jours depuis des années. Je ferme les yeux et en un court instant, une envolée de mots émergent devant moi. Ils flottent, s'entrecroisent, se mélangent, il ne me reste plus qu'à piocher celui qui pourra donner corps à mon texte afin de le rendre délectable. C'est une jolie, petite et étroite allée qui vous accueille. Sa légère pente est encadrée par des haies de buis taillées à la main par le jardinier du coin. Sur la droite, en contrebas, le chemin s'est enfin élargi pour donner place à un dégagement en graviers blancs dont la poussière délicate vole au grès de la brise. Là devant moi, se dresse une belle et imposante bastide. Les murs orangés aux volets bleus la subliment sans nulle autre artifice. C'est une maison de parfumeur. Elle dégage un charme certain et le décor autour d'elle rehausse sa beauté. Le toit est en tuiles de terre. Chacune d'entre elle est unique. On peut remarquer que la main de l'homme a laissé là les traces d'un savoir faire ancestral. Les empreintes de pattes de chats, volontairement incrustées sur quelques une, laissent songeurs ceux qui ne connaissent pas la véritable raison de leur présence. La dense végétation est le pilier de ce lieu fabuleux. On découvre alors une terrasse en vieilles pierres, une table et quatre chaises en fer forgé, ombragées par un immense tilleul dont les feuilles vertes semblent jouer avec les rayons du soleil. Un garde corps aux volutes harmonieuses protège cet espace si paisible, laissant une vue dégagée sur les collines aux alentours. Au loin les cyprès et les pins parasols donnent du volume à ce tableau grandeur nature. Les bastides aux tons chauds et les menuiseries aux couleurs de la Provence sont la promesse que nous nous trouvons bien dans le sud de la France. La flore entourant ce havre de paix demeure luxuriante par sa diversité. Les hauts palmiers dominent l'entrée pour laisser place à leurs congénères, plus petits et trapus: les dattiers. Les petits sentiers en terre battue conduisent les plus courageux vers des restanques en vieilles pierres, où les nombreux oliviers producteurs ombragent à la perfection les haltes indispensables pour reprendre son souffle. Vue d'ici, la large vallée aux camaïeux de vert fait ressortir le bleu turquoise de la mer se profilant au loin. Suivant la saison, emportée par les embruns, elle sombre dans un voile blanc. Alors, à son tour, et grâce à son absence, elle subjuguera le paysage verdoyant en première ligne. Si on prend le temps, les yeux fermés, on peut entendre les milliers de chants d'oiseaux de toutes les espèces vivant dans ce côté du pays. Les cigales, elles aussi font parties du concert, surtout lorsque le mercure monte. Elles savent donner une note inimitable à notre "midi", comme on le nomme ici. Jamais fatiguées, jamais lassées , elles chantent... cela ne vous déplaise ! Les rosiers de mai colorent de leur rose vif cette visite réservée quelques jours plus tôt. Leur délicat parfum embaume les narines de ceux qui portent une attention toute particulière à leur présence, car elles ne sont pas les seules maîtresses de ces lieux. La lavande aussi délivre d'intenses effluves, tout comme le jasmin de Grasse mondialement connu pour son précieu élixir hors de prix. Il sera cueilli aux aurores afin de préserver sa puissante fragrance nécessaire aux plus grands noms de parfumeurs autour du globe. Tous ces mélanges odorants édulcorent avec douceur la remontée d'une balade inoubliable. Là, aidé de son bâton, pas à pas, le maître des lieux détaille avec passion les moindre petits recoins de son domaine. La fin de la visite se termine alors en apothéose. Notre guide au cheveux blanc surmontés d'un chapeau de paille nous ouvre enfin les portes d'une pièce où valsent les flacons de toute beauté. Au centre de la pièce se trouve un vieux tapis jonchant les tomettes rouges lissées par le temps, une table ronde en bois supportant la danse des savons à la lavande, des fioles aux différentes fragrances plus enivrantes les unes que les autres. Les grandes étagères tout autour exposent les différentes références que nous propose le parfumeur. Imaginons, un instant plus tôt, ce monsieur accroupi devant son alambic en cuivre. Il tient dans sa main un tube à essai rempli d'un concentré de la couleur de l'or dont il est le seul à connaître le secret de sa composition. Il le porte à ses narines, ferme les yeux pour mieux se concentrer, afin de savourer le résultat de sa passion qui le rendra peut-être célèbre, un jour. Ici, le temps semble s'être suspendu. Pourtant la nature a continué à façonner au fil des saisons ce coin de paradis et comble celui qui, chaque matin, vient lui porter toute son attention afin de l'utiliser avec respect. On sait parfois que la vie nous surprends par ses instants magiques et inattendus qu'il est important de savourer. Alors si vous passez à Grasse, prenez le temps de prendre le temps...

15 Aug 2017

Le temps des moissons

Pensée #1

Cet été la, seule, je marche d'un pas tranquille sur les étroites routes asphaltées autour de mon petit village du sud de la France.
La forte chaleur de ce mois de juillet, signe le début d'un labeur dont les agriculteurs doivent s'acquitter.
C'est le temps des moissons.
J'interromps un instant ma balade et prends le temps de contempler les immenses champs encore producteurs.
Cette année, les blés sont à l'honneur, à l'exception de quelques lopins de terre
qui profitent allègrement d'une jachère bien méritée. 
J'entends le frottement de ces milliers d'épis de blé séchés et leur blond vénitien atteste de leur maturité.
Devant moi, se joue une danse coordonnée à la perfection, c'est une valse, une chorégraphie dont le vent est l'auteur. C'est un spectacle unique et je me délecte en silence. 
Le bruit du frottement des têtes blondes les unes contre les autres, valide leur fin de vie. Dans les jours prochains, la moissonneuse batteuse obligera tout les volatiles à trouver un autre lieu pour se cacher.
J'essaie d'apercevoir l'un d'entre eux, de ci, de là, mais la hauteur des épis et telle, qu'il ne me reste qu'à écouter leur piaillements, je suppose alors que cette forte cacophonie et due à leur nombre important. Je ne sais pas s'ils jouent, ou bien s'ils profitent des graines tombées prématurément sur le sol, ou encore, s'ils profitent de l'ombre et ainsi supporter la température excessive.
Ce garde manger géant doit être le repère des centaines d'oiseaux car tout ce dont ils on besoin, est là, à leur disposition afin de passer un bel été.
Soudain, le battement d'ailes d'un papillon blanc, vient interrompre ma concentration visuelle et auditive. Il vient se poser sur un épis juste devant moi. 
Il a l'air de reprendre des forces avant un départ imminent vers l'inconnu.
Sa légèreté lui permet la stabilité nécessaire à son éphémère arrêt, le voilà se balancer en suivant les mouvements de la brise chaude, influant sur les pointes sèches. Le ballet incessant des épis à perte de vue s'intensifie à chaque rafale.
Béate devant eux, je suis la seule à savoir qu'il ne leur reste plus que quelques heures à vivre cette danse majestueuse . 
Je remarque alors, un solitaire pied de fleur des champs, sur le bord du chemin. 
Approchant mon nez près de son pistil, je m'étonne qu'aucun parfum délicat ne s'en dégage. Malgré son absence de senteur,sa couleur parme se révèle plus intense car le blond des blés a le pouvoir de la sublimer.
Demain tout cela ne sera qu'un souvenir...
Je reviendrai regarder avec une certaine désolation, l'exécution des chaumes par ses immenses machines agricoles. Les traces des gigantesques pneus marquerons le sol.
Il sera alors facile d'imaginer leur trajectoire sachant que le moindre centimètre carré sera décapité. À la fin de la journée, l'ensemble sera décimé et un autre décor prendra place. Plus épuré, ce champs ne dégagera plus aucun son, ni les piaillements d'oiseaux, ni le frottement des épis séchés, ni aucune douce musique...
Sans le savoir, le paysan à fait basculer son exploitation agricole en un tableau de maître.
Les balles de foin disposées, par ci par là, dans une logique désordonnée donnent un paysage connue de tous, souvent exprimés à travers des tableaux de peintres méconnus .
Elles resteront quelques semaines à l'air libre et continueront leur bain de soleil, jusqu'à l'arrivée de l'automne.

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