Pensée 101 La petite flamme
La petite flamme
Voilà vingt ans déjà, j'ai rencontré cette petite flamme.
À première vue, elle me semblait insignifiante, et j'avais choisi de lui tourner le dos pour éviter de ressentir sa chaleur. Loin de moi, je savais qu'elle ne pouvait atteindre mon âme.
J'ignorais que malgré sa petite taille, dès qu'elle se retrouverait en contact avec moi, elle grandirait et me conduirait au bonheur. Quelqu'un m'avait dit que c'était elle que j'attendais depuis de longues années. Alors pourquoi m'en priver ? Je craignais qu'il ne s'agisse encore d'une autre de ces fausses étincelles.
Au moins, l'éloignement m'éviterait de me brûler ! Me brûler celles qui m'offraient ma liberté : mes ailes.
Les mois passèrent et je mourais d'envie de la revoir. Un matin de mai, elle réapparut et instantanément illumina mon monde. Est-ce bien elle ? Comment le savoir ?
Étrangement, j'avais souffert de son absence sans même m'en rendre compte.
Elle frôla ma peau et comme si mon âme l'attendait depuis toujours, mon cœur se remit à battre à nouveau même dans le noir.
Je refusai de m'en séparer et lui confiai mon bien le plus cher : Ma Vie.
Main dans la main, afin qu'il ne s'étouffe jamais, nous entretenions jour et nuit notre foyer avec l'amour infini que nous avions l'un pour l'autre. Ensemble, je croyais que rien ni personne ne pourrait affaiblir ce feu, et que l'incandescence de nos deux corps nous protégeait d'un éventuel brasier destructeur.
Il y eut des tempêtes qui soufflèrent sur elle, mais sa puissance paraissait telle que rien ne semblait pouvoir la diminuer jusqu'au jour où, par ma faute, je l'exposai à une rafale plus puissante que toutes les autres qui la réduisit à une simple flammèche.
En un instant, tout devint alors froid, éteint, triste et sans lendemain. Elle souffrait tant que je craignais que ses sanglots ne risquent à tout moment de l'éteindre pour l'éternité. Je regrettais au point d'accepter ses pires brûlures.
Après cela, le temps me sembla très long, si long que je pensais l'avoir perdue à tout jamais. Elle mit de la distance et se plaisait à poser son regard à l'opposé du mien. Elle partit loin et moi, impuissante ou trop confiante, je l'ai laissée s'éteindre.
Par crainte de perdre l'énergie qui la caractérisait et par amour, elle s'enfuit et me laissa seule. Seule à maintenir le foyer. Difficile au début, je manquais de vitalité, sans le savoir, son départ m'avait affaibli au point de décliner. Une nuit étoilée du mois d'août, l'espoir vint réchauffer mon cœur qui retrouva ses battements d'avant. Je me surpris même à sourire à la Voie lactée.
Avant de me quitter, elle caressa ma peau, me laissa quelques marques disgracieuses que le temps effacera surement et m'avoua : "Le secret pour conserver une flamme à son apogée avant qu'elle ne rende l'âme, est de la laisser aller vers l'étincelle qui lui redonnera l'envie de revenir là où tout a commencé pour elle."
Je sais que chacun de son côté, avec le temps et de la patience, notre vigueur renaîtra. Nos mains se tiendront à nouveau et nous trouverons un autre chemin pour avancer dans la même direction. Côte à côte, nous maintiendrons notre flamme telle que nous la désirons en nous moquant du reste du monde.
Justine César