Le pansement
Pensee # 63
Le pansement
La chute lui avait fait très mal !!
Sa blessure invisible, cachait une plaie bien plus profonde. A l’intérieur, le cœur de Violette saignait. Son visage maquillé à la perfection qu’elle soulignait d’un sourire permanent, ne laissait rien présumer.
L’effusion de sang n’est pas la seule preuve de meurtrissure. D’autres souffrances peuvent abîmer et écorcher. Plus profondes, plus complexes, elles creusent et rongent notre âme.
Les blessures du cœur sont les plus dures à réparer, mais il existe un remède.
Violette refusait de saigner. Cela faisait trop mal, il fallait que ça s’arrête vite !
Sa jeunesse ignorait tout du passage obligatoire vers une vie future meilleure.
C’est ainsi qu’un samedi soir, dans une boîte, elle trouva un pansement à son cœur. Dès qu’elle l’appliqua contre elle, le baume apaisant et cicatrisant dont il était imprégné, apaisa immédiatement sa plaie. Violette pensait qu’elle avait bien fait de le choisir, lui, car il semblait avoir toutes les propriétés nécessaires pour soulager efficacement ses blessures intérieures.
Il paraissait parfait !
Le chagrin, s’en est allé, en quelques jours à peine. Le bonheur, la joie, l’amour, réapparurent, et Violette se croyait guéri !
Mais quelques maigres semaines plus tard, elle chuta à nouveau. La plaie se rouvrit et le mal réapparu instantanément. C’est à ce moment-là, qu’elle commença à douter de l’efficacité de son pansement. Il avait perdu son rôle de réparateur et se voyait bientôt jeté à la poubelle sans considération. Violette tenta de le garder encore un peu, puis finit par le laisser tomber tout seul.
Elle fût très déçu car elle y croyait !
Cependant, on l’avait prévenu qu’un pansement ne servirait à rien pour soigner ce genre de lésion. Emportée par l’envie d’y croire, tournant le dos aux avertissements, elle se vanta de sa foudroyante guérison.
Finalement, quelque peu honteuse, elle s’était ravisée.
L’éphémère ne fait pas partie du processus de cicatrisation, et aucun pansement ne rempli aussi bien son rôle que celui du temps.
Violette l’apprit à ses dépends.